Banc d'essai Vivaldi DAC APEX / The Absolute Sound / 18 novembre 2022

The Absolute Sound

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Verdict

Est-ce le dernier cri en matière de lecture numérique ? Certainement pas. La vérité c'est que les ingénieurs du numérique continuent à chasser les parasites de l'audio pour offrir une lecture de plus en plus performante, et on m'a dit que la maison dCS a elle-même quelques développements dans sa manche qui pourraient encore bouleverser le monde de l'audio. Mais entendre ce que le Vivaldi APEX peut fournir est hypnotisant. Les Britanniques sont connus pour leur rigidité, mais je parie que si le directeur général David Steven et son fidèle corps d'ingénieurs entendaient ce que le dCS fournit sur un grand système tel que le Wilson WAMM, même leur corps pourrait commencer à remuer. Ce n'est pas un bon DAC. C'est un excellent DAC.

L'été dernier, j'ai eu la chance d'assister à une représentation du Requiem allemand de Brahms au sein de la cathédrale nationale de Washington, dédiée au peuple d'une Ukraine déchirée par la guerre. J'étais assis en haut balcon, avec une vue plongeante sur l'orchestre et le chœur, de là-haut, il était difficile de ne pas être impressionné par la grandeur de la cathédrale. Le son s'étendait sans effort dans l'espace, qu'il s'agisse des vocalises des solistes ou de l'imposante section de cuivres.

L'écoute du dCS Vivaldi DAC avec sa nouvelle mise à niveau APEX m'a évoqué ce concert à plusieurs égards. La raison principale réside probablement dans la capacité du Vivaldi APEX à reproduire la sensation d'air dans les salles de concert ou les studios d'enregistrement, lui permettant de positionner avec précision un instrument ou une voix au sein de la scène sonore et de capturer une multitude de détails ambiants - jusqu'au degré d'écho de salle produit par un interprète - avec une justesse incroyable. Jusqu'à présent, aucun système numérique n'a réussi, à ma connaissance, à capturer ce phénomène aussi fidèlement que la lecture analogique. Le Vivaldi APEX y parvient. Il suffit d'écouter un concerto pour piano de Beethoven : le DAC fait résonner le piano dans la salle avec tant d'emphase que cela constitue l'essence même du réalisme sonore. En plaçant les instruments de manière aussi pertinente que dans la véritable salle de concert, il fait un grand pas vers une lecture numérique qui n'est pas seulement améliorée, mais véritablement époustouflante par sa précision et sa puissance émotionnelle.

Croyez-le ou non, mais bien qu’équipé de la puissante platine TechDAS Air Force Zero, j'écoute tout de même beaucoup de musique numérique. Oui, messieurs dames! Il y a tout simplement trop de répertoire sur support numérique non accessible en version disques ou, si vous préférez, cassettes, pour que l'on fasse la fine bouche à ce sujet. De plus, le numérique offre souvent un son de premier ordre - faible niveau de bruit, dynamique fortissima. Que demander de plus ?

Alors, quand John Giolas, le vice-président des ventes et du marketing de la maison dCS, qui est basée à Cambridge, en Angleterre, a laissé entendre que quelque chose d'extraordinaire se profilait à l'horizon, mes oreilles se sont dressées. Cela doit faire une décennie que dCS a présenté la gamme Vivaldi – composée d’un DAC, d’un sur-échantillonneur, d’un transport CD/SACD, et d’une horloge - aux Américains lors d'une démonstration chez le revendeur audio Ears Nova à Manhattan. À l'époque, j'avais été très impressionné par la stabilité de l'image sonore de ce système Vivaldi, qui comportait un mécanisme de transport CD/SACD VMK3 VRDS-Neo d'Esoteric. J’ai acheté l’ensemble. Depuis, dCS a effectué d'importantes mises à jour logicielles, mais n'a pas entrepris de mise à niveau majeure des composants...jusqu’à aujourd’hui et cette « revitalisation » du Vivaldi DAC. La mise à jour APEX coûte 9000 $, et est disponible pour le DAC Vivaldi, le Vivaldi One – DAC/sur-échantillonneur/transport - le DAC Rossini, et le lecteur CD/SACD Rossini, quel que soit leur millésime. La mise à niveau est gérée par votre revendeur, qui expédie l'appareil au centre de service dCS de Boston pour les clients nord-américains - dCS dispose de centres de service dans le monde entier.

Au cœur des produits dCS réside l'innovant Ring DAC. La tâche d'un convertisseur numérique-analogique est implicite dans son nom : transformer un flux de données audio numérique en un signal analogique. Idéalement, ceci se fait sans ajouter de nouvelle distorsion au signal. Chez dCS, on note que le problème de la transformation des 1 et des 0 en une onde analogique est précisément l’occurrence de ce phénomène. La société explique que l'architecture de son Ring DAC élimine toute corruption du signal audio et autres erreurs introduites par les inévitables écarts de tolérance entre les pièces, même dans les résistances les plus précises : «  Étant donné que n'importe quelle combinaison de sources de courant peut "déclencher" n'importe quel bit dans le convertisseur numérique-analogique, l'erreur générée n'est absolument pas liée au signal audio ; elle est décorrélée. Cette décorrélation signifie que toute erreur est traitée de manière aléatoire et convertie en bruit blanc. » L'objectif est donc de réduire cette distorsion et de préserver les détails. Pour ce faire, dCS ne veut pas utiliser de puces DAC, qu'elle considère comme une recette pour l'obsolescence programmée. Au lieu de cela, elle utilise une plate-forme - Field Programmable Gate Array - pensée pour garantir les futures mises à jour logicielles régulières à ses clients. Aujourd'hui, dCS a pris de nouvelles mesures pour tenter d'améliorer les performances du Ring DAC, notamment en remaniant l'alimentation électrique, en concevant un nouvel étage de sortie analogique, et en reconfigurant le circuit imprimé principal du Ring DAC - Voir l'encadré sur le fonctionnement du Ring DAC.

dCS Vivaldi DAC Apex - Back

Ces modifications ont été immédiatement audibles la première fois que j'ai eu l'occasion d'écouter le nouveau DAC. David et Steve Kennedy, gérants d’un magasin local appelé JS Audio à Bethesda, Maryland, sont passés un soir et nous avons écouté plusieurs morceaux avec l'appareil en question. Il était évident que le Vivaldi Apex, qui revendique une amélioration de 12 dB de sa linéarité, était sensiblement plus doux et plus riche en tonalité que son prédécesseur. Cette démo m'a donné envie d'entendre l'Apex complètement chauffé et prêt pour la bataille. C'est là qu'intervient Giolas, qui m'a envoyé son exemplaire rodé de Salt Lake City, dans l'Utah. J'ai utilisé l'Apex avec les préamplificateurs darTZeel NHB-18NS et Gryphon Commander. Il s'est bien adapté aux deux pré-amplis. Avec le darTZeel, j'ai branché un câble BNC 50 ohms aux sorties RCA de l'APEX, et avec le Commander, j'ai utilisé un câble d'interconnexion symétrique AudioQuest Mythical Creature.

Alors que j’écoutais l'APEX au fil des mois, j'ai réalisé que les améliorations apportées au DAC étaient bien plus importantes que ce que j’avais initialement soupçonné. Cela est probablement dû en partie au fait que, lorsque je l'ai entendu pour la première fois, l'appareil n'était pas chauffé. Une autre raison potentielle à cela est que j'ai parfois constaté que l'on commence à percevoir plus intensément lorsque l’esprit critique s'éteint avec le temps, et que l'on se laisse simplement aller à la musique. Ce passe-temps, est censé être amusant après tout... une qualité qui peut parfois passer à la trappe dans tous nos examens médico-légaux de tout dans les moindre détails, des cordons d'alimentation aux lecteurs de CD.

En bref, l'APEX rend l'écoute de la musique, classique ou jazz, rap ou rock, beaucoup plus agréable. Cet appareil astucieux a un effet salvateur sur la lecture, qui se manifeste non seulement par une sensation accrue de grandeur, mais aussi par une amélioration de la dynamique, de la clarté, de l'imagerie, et de la solidité des basses. Il se trouve que les graves sont un point faible pour plus d'un système. Cela s'explique en partie par la difficulté de créer des basses linéaires dans un environnement domestique. Mais il est également vrai que sur le jazz numérique, par opposition aux enregistrements analogiques, j'ai remarqué que la reproduction des basses peut souvent sembler quelque peu opaque. L'APEX a exercé une emprise beaucoup plus ferme sur les fréquences plus graves, et c'est tant mieux.

La ligne de basse du célèbre album produit par le label Pablo de Count Basie, 88 Basie Street, par exemple, était nettement plus tendue. Sur des morceaux comme Sunday at the Savoy, la chaleur de la contrebasse de Cleveland Eaton n'aurait pas pu être plus distincte et palpable. L'élégant enregistrement du pianiste britannique Rob Barron, From This Moment On - sur le label Ubuntu - pouvait sonner un peu patraque dans les basses sur l'ancien appareil Vivaldi. Avec l'APEX en action, les choses sont considérablement clarifiées. En assainissant la région des basses, le DAC a également montré beaucoup plus de férocité sur les passages de batterie. De la même manière que les passages rapides du piano étaient délivrés avec une clarté surnaturelle, les roulements de tambour émergeaient avec une limpidité qu'il fallait entendre pour le croire. Une fois de plus, le faible niveau de bruit de fond de l'APEX a été mis en évidence.

Sur le CD Count Basie Remembered by the New York All Stars, qui présente un concert live enregistré à l'Amerika Haus de Hambourg en 1996, Joe Ascione, qui a apparemment commencé à jouer de la batterie à l'âge de 2 ans, joue sur un certain nombre de morceaux avec un dynamisme et une netteté qui - au risque d'insister sur la comparaison avec le Vivaldi - n'étaient tout simplement pas apparents dans le passé. C'est d'ailleurs le genre de choses que les haut-parleurs Wilson WAMM Master Chronosonic, conçus par feu David Wilson, un aficionado des tambours joués à plein volume, se délectent à reproduire. La pertinence de la répartition des basses explique en grande partie de pourquoi le Vivaldi APEX parvient à produire une scène sonore aussi caverneuse. Cela contribue également à expliquer ce dynamisme pur, ce sentiment d'énergie débridée que le Vivaldi APEX peut apporter à la table. Sur l'album live One More from the Road de Lynyrd Skynyrd en 1976, c'était un vrai plaisir d'entendre le groupe comme libéré de ses chaînes.

Pas de compression ici, les amis. Tous ces détails dévoilés par le Vivaldi APEX, couplés à un véritable punch délivre quelque chose proche de l’explosion sonore. Un sentiment latent de puissance et de menace permet à l'APEX de faire monter progressivement les exploits dynamiques à des niveaux fulgurants. En d'autres termes, il a augmenté la marge de manœuvre sonore, permettant aux haut-parleurs Wilson WAMM de se comporter de manière détendue, même à des niveaux de sortie élevés - non pas que les amplificateurs darTZeel NHB-468, qui ne sont pas en reste, n'aient pas aidé.

Les avantages ne s'arrêtent pas là. La réduction du grain du DAC signifie qu'il bannit une grande partie des maux qui ont traditionnellement affligé la lecture numérique. La pureté tonale de l'APEX est remarquable. Sur le plan vocal, il offre une belle mélodie sur les chansons d'art de Schubert interprétées par le baryton autrichien Florian Boesch ou la soprano néerlandaise Elly Ameling. Mais il peut aussi bien faire émerger l'ardeur et la fougue d’un Mick Jagger ou d’un John Lennon. Une partie de cela peut être attribuée, je pense, à l'excellente imagerie du DAC, qui garantit que les voix et les divers instruments qui jouent simultanément ne soient pas brouillés les unes avec les autres. Le Vivaldi APEX a donc plus d’un tour dans sa poche, pour ainsi dire.

 


Le Ring DAC de dCS expliqué par Robert Harley

Le RING DAC, inventé par dCS en 1987, est une réponse brillante au défi de la conversion de données numériques en signal de sortie analogique. Il est particulièrement bien adapté à l'audio numérique haute résolution. Pour comprendre le Ring DAC, examinons d'abord le fonctionnement d'un DAC multibit classique. Vous pouvez considérer un DAC multibit comme une échelle, avec autant de barreaux sur cette échelle qu'il y a de bits dans un échantillon. Un DAC 24 bits aura 24 "échelons", chacun étant une résistance qui correspond à chaque bit de l'échantillon numérique. Les résistances sont reliées à une source de tension par une série de commutateurs ; les données numériques représentant le signal audio ouvrent ou ferment les commutateurs pour permettre au courant de circuler ou non vers la sortie. Les courants de chaque échelon sont additionnés, cette valeur additionnée représentant l'amplitude du signal audio. La disposition des résistances et de la source de tension donne lieu à une "pondération binaire". Cela signifie que chaque résistance située plus bas sur l'échelon doit effectivement avoir une résistance double de celle de l'échelon supérieur, et ainsi de suite, correspondant à la progression binaire 1, 2, 4, 8, 16, et ainsi de suite. En pratique, seules deux valeurs de résistance sont utilisées ; l'échelle de résistance forme un diviseur de tension qui réduit la tension de sortie d'un facteur deux pour chaque échelon successif. Un problème avec ces DACs dits "à échelle R-2R" est qu'il est impossible de fabriquer des résistances avec la précision requise pour une pondération binaire parfaite. Le résultat est que les tolérances dans les valeurs des résistances introduisent des erreurs d'amplitude dans la sortie analogique. De plus, ces erreurs d'amplitude se produisent aux mêmes endroits sur la forme d'onde audio. Pour compliquer le problème, les erreurs représentent une plus grande proportion du signal à bas niveau. Ce problème est d'autant plus accentué lorsque le nombre d'échelons de l'échelle est élevé. Dans un convertisseur numérique-analogique à résistances de 16 bits, la tension de sortie du bit de poids faible (LSB) doit être exactement égale à 0,0000152 la valeur du bit de poids fort (MSB). Dans un convertisseur 24 bits, la valeur du LSB doit être exactement égale à 0,000000119209289550781 la valeur du MSB. Il est évidemment impossible d'atteindre un tel niveau de précision dans la fabrication des résistances. Tout écart par rapport aux valeurs précises des résistances, dans n'importe quelle résistance de l'échelle, se traduit par des erreurs d'amplitude dans la sortie analogique. La société UltraAnalog, aujourd'hui disparue, a relevé ce défi en commandant ses convertisseurs analogiques numériques 20 bits - qui étaient composés de deux convertisseurs analogiques numériques 16 bits du commerce assemblés - avec 100 000 codes numériques différents, en mesurant la sortie du convertisseur analogique numérique à chaque valeur de code, en calculant le degré d'erreur dans chaque résistance spécifique, puis en demandant aux techniciens de souder à la main de minuscules résistances de précision à film métallique sur les barreaux de l'échelle pour les rapprocher de la valeur correcte. J'ai visité l'usine et vu cette approche héroïque (et coûteuse) en action. Le convertisseur numérique-analogique à un bit est une technologie qui ne repose pas sur des échelles de résistances à pondération binaire. Ce dispositif convertit un code multibit en un flux de données à un seul bit qui a deux valeurs, un et zéro. Contrairement au convertisseur numérique-analogique multibit, la précision de l'amplitude du convertisseur numérique-analogique à un bit est très élevée, mais le convertisseur numérique-analogique à un bit souffre d'un bruit très élevé qui doit être "façonné" - décalé de la bande audio. Les DACs à un bit sont également très sensibles à la gigue. La solution de dCS est le Ring DAC, qui peut être considéré comme un hybride des deux approches. Il est basé sur un code à cinq bits qui commande des résistances de valeur identique.

Comme les résistances du convertisseur DAC de dCS ont toutes la même valeur nominale, leurs valeurs réelles sont très proches les unes des autres. Le code à cinq bits a un rapport signal/bruit beaucoup plus élevé qu'un flux de données à un bit et nécessite un ordre de grandeur de moins de mise en forme du bruit. Le traitement du signal numérique commence par "mapper" le flux de données entrant - 192 kHz/24 bits ou le code 1 bit de 2,8224 MHz du DSD, par exemple - en un code unique de cinq bits. Ce code de cinq bits ouvre et ferme l'un des 48 verrous connectés à une source de courant qui alimente l'une des cinq résistances de valeur identique. Comme ces résistances ne peuvent jamais avoir exactement la même valeur, le convertisseur numérique-analogique en anneau utilise un réseau de résistances et déplace aléatoirement le signal audio entre les résistances du réseau. Le Ring DAC tire son nom de ce "passage" du signal d'une résistance à l'autre dans le réseau, comme dans un anneau. Le but est de convertir ce qui serait des erreurs d'amplitude dans la sortie analogique en une très petite quantité de bruit blanc aléatoire qui n'est pas corrélé avec le signal audio. La dernière version de dCS de cette technologie évolutive, l'APEX, est basée sur les mêmes principes, mais avec une mise en œuvre plus avancée. La source de courant, l'étage de sommation, le filtre et le tampon de sortie ont tous été redessinés pour l'APEX. En outre, les transistors simples du convertisseur numérique-analogique ont été remplacés par des paires composées dans l'APEX. La disposition du circuit imprimé a été optimisée. Le résultat est un DAC qui est plus silencieux que les générations précédentes avec une linéarité supérieure de plus de 12dB. Le DAC Ring est un concept brillant, dont la réalisation la plus aboutie se trouve dans le nouvel APEX. Les caractéristiques sonores communes à tous les produits dCS - la densité de l'information, la résolution des détails, les qualités spatiales uniques - sont probablement attribuables en grande partie au Ring DAC.

Un DAC 8-bit R-2R.