Banc d'essai 250i / hi-fi news / 23 février 2023

hi-fi news

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Verdict

Le MOON 250i a clairement été conçu pour atteindre un prix cible - en se débarrassant d'une finition bi-ton en cours de route afin de rester au meilleur niveau possible - et en tant que tel, il ne propose pas beaucoup de « petits plus » hi-fi. Mais ce qui reste au final, c'est un amplificateur intégré qui remplit parfaitement son rôle. Sa sonorité, un mélange toujours agréable d'autorité musicale douce, de basses engageantes et de sortie étonnamment musclée, vaut la peine d'être célébré. Je le vois facilement durer une décennie de plus.

De nos jours, lorsque le nom d'un produit comporte la lettre « i », tout porte à croire qu'il est doté de fonctions réseau - la faute à BBC iPlayer ou Apple iTunes, je suppose. Il est donc important de souligner que le MOON 250i, d'une valeur de 2300€, est un amplificateur intégré entièrement analogique - le "i" signifiant donc ici « intégré » - dépourvu de connectivité numérique et de DAC, ou de tout autre talent lié à un quelconque réseau. Si l'on peut considérer qu'il s'agit d'une approche assez old-school, il y a au moins une bonne raison à cela : le 250i fait partie de l'écurie de la société canadienne depuis une bonne décennie.

Et ce n'est pas nécessairement une mauvaise chose. Lorsqu'un appareil électronique grand public jouit d'une telle longévité, c'est généralement qu'il fait un si bon travail qu'il n'y a pas de réelle nécessité de le remplacer ou de le moderniser de manière exhaustive. Hormis sa télécommande, en pratique, le MOON 250i n'est pas très différent des modèles minimalistes qui auraient pu être lancés il y a 40 ans : sélection des entrées, gestion du volume et sorties pour les enceintes, point barre!

À bon entendeur…

Bien évidemment, MOON by Simaudio propose de nombreux amplificateurs riches en fonctionnalités, notamment le MOON 240i à 3250€, qui dispose d'une série d'entrées numériques, dont l'USB-B compatible 384kHz/DSD256. Cependant, il s'agit encore une fois d'un modèle sans fonction réseau - pour obtenir une solution streaming MOON - utilisant sa plateforme MiND (MOON Intelligent Network Device) - à partir du 250i, vous devrez l’associer à un des lecteurs réseau ou des DACs dotés de la fonctionnalité streaming de la marque, ou encore envisager le tout-en-un MOON ACE auquel « il suffit d'ajouter des enceintes ».

Le 250i a subi quelques modifications au cours de son existence. Initialement connu sous le nom de Neo 250i, et disponible en finition noire, argentée ou hybride argent/noir, il n'existe plus qu'en noir - afin, nous dit-on, de rationaliser la production, et de maintenir le coût sous la barre des 2300 €. De plus, depuis 2021, Simaudio utilise des condensateurs Nichicon dans le 250i, et les transistors de sortie bipolaires sont désormais les mêmes que ceux que l'on trouve dans ses modèles intégrés 600i et monoblocs 888, plus coûteux. Le potard de volume Alps a également été amélioré.

Avec ses 89 mm de haut, le 250i ressemble beaucoup à tous les autres amplificateurs, préamplificateurs et convertisseurs numériques MOON, à l'exception du colossal 888 mentionné plus haut. La société utilise le même « langage de conception » depuis un certain temps, avec des joues incurvées à chaque extrémité du panneau avant, un logo central - situé au-dessus d'un écran OLED ou LCD sur certains modèles - et des boutons de commande circulaires argentés. Cette présentation est immédiatement reconnaissable comme celle de MOON by Simaudio, mais, sur cet amplificateur dépourvu de fioritures niveau fonctionnalités, on peut dire qu'elle est un peu chargée - par exemple, la banque de boutons sur le côté gauche sert à sélectionner les entrées, alors qu'il est facile de le faire avec la télécommande fournie.

Récit de l'inattendu

Sur la face avant du MOON 250i se trouvent également le contrôle du volume, une prise casque 6,35 mm et une entrée analogique 3,5 mm. Cette dernière est inhabituelle sur du matériel hi-fi à ce prix, et un signe de la nature vénérable de l'ampli. Je suppose que cela pourrait être bien accueilli par certains comme une voie rapide vers l'audio provenant d'un smartphone - bien que, puisque beaucoup de nouveaux téléphones n'offrent plus de sortie 3,5 mm, son avenir est quelque peu compromis…

Le panneau arrière du 250i est si élégamment conçu que vous pourrez probablement l'intégrer à votre système les yeux fermés. Un ensemble de borniers très espacés se trouve sur le côté droit, à côté d'une prise secteur IEC et d'un interrupteur d'alimentation. Sur la gauche se trouvent cinq entrées de niveau ligne RCA - pas d'étage phono MM ou MC ici - plus une connexion de pré-sortie pour une utilisation avec un amplificateur externe. Entre les deux, on trouve des entrées RS232 et IR, ainsi que des ports d'entrée/sortie pour le SimLink de Simaudio - câble fourni - qui permet l'interopérabilité entre les appareils MOON.

MOON 250i

Comme le montre notre photo de sa structure intérieure, l'ingénierie interne du 250i est tout aussi sophistiquée, avec la plupart de l'espace occupé par un grand transformateur toroïdal qui contribue considérablement au poids de 10 kg de l'amplificateur. L'étage de sortie bipolaire est prudemment évalué à 2x50W/8ohm, et est suffisamment polarisé, dixit Simaudio, pour fonctionner en Classe A sur ses premiers 5W.

La consommation d'énergie du MOON 250i est un élément particulièrement intriguant. Les tests en laboratoire de PM révèlent une consommation d'énergie de 20 W, qui tombe seulement à 18 W lorsque l'appareil est mis en veille. Un tel chiffre est probablement bien supérieur à ce que la plupart des acheteurs attendent d'un mode veille. En effet, il semble que mettre l'amplificateur en veille n'a pas d’autre effet que celui d'éteindre les LEDs d'état rouges et bleues sur son panneau avant. Les personnes soucieuses concernant leur consommation d’énergie pourraient vouloir éteindre complètement le 250i quand il n'est pas utilisé - malgré l'affirmation de Simaudio, qui prévoit un appareil "conçu pour être alimenté à tout moment pour une performance optimale ».

De taille compacte, le 250i se glissera facilement dans n'importe quel rack hi-fi et autres meubles, bien que les exigences d'espace habituelles doivent être prises en compte, afin de s'assurer qu'il ne chauffe pas trop. Le haut du châssis métallique est ventilé, et Simaudio est suffisamment inquiet quant à la possibilité que les utilisateurs bloquent cette ventilation pour les mettre en garde contre cette pratique deux fois dans le même paragraphe de son manuel d’utilisation - très complet au demeurant!

Musique Maestro !

Pour un amplificateur qui se concentre sur une seule chose, et certainement pas à « petit budget », il n'est pas surprenant que le MOON 250i fasse cette chose - faire de la musique à partir de sources analogiques - très bien. Et "musique", ou plutôt "musical", est le mot qui convient ici. Cet intégré de MOON by Simaudio semble très abouti dans la façon dont il dépeint une scène sonore engageante et riche en tonalités, et prodigue une excellente gestion des médiums. On ne peut pas le décrire comme analytique, et je n'ai pas trouvé qu'il favorisait un genre de musique plutôt qu'un autre. Une assise volumineuse et grave est ajoutée au matériel qu’il accompagne, et l'amplificateur a l'énergie nécessaire pour rendre l'écoute de morceaux rythmés très amusante. Globalement, c'est un vrai plaisir pour les oreilles.

Thunderstruck d’AC/DC manquait de mordant dans les charlestons qui constituent la base de sa désormais célèbre introduction, rendant cet élément un peu moins clair que ce que j'avais entendu auparavant. Par contre, le MOON 250i a vraiment fait ressortir la masse des chœurs, et a donné une profondeur et un poids considérables à une batterie si directe, que je le sais souvent utilisé pour les démonstrations de caissons de basses. Et alors qu'une puissance de 2x50W peut sembler insignifiante sur le papier, dans le monde réel, elle s'est avérée plus que suffisante pour donner aux enceintes  - dans ce cas, le modèle BRX à radiateur passif de GoldenEar - un sacré coup de pied dans le derrière.

Les basses du morceau d'AC/DC étaient bien équilibrées et légèrement chaudes ; sur Hot Mess, un morceau du duo canadien de dance-funk influencé par les années 80 Chromeo, il y avait plus de nuances, pour aller de pair avec une présentation entraînante, enlevée et précise. Il y a beaucoup d'éléments mélangés ici, y compris des percussions, des synthétiseurs et des voix vocoder, le tout à un rythme assez rapide, et le MOON 250i a analysé tout cela, sans que cela ne manque de cohésion.

Saluons sa performance

Pour moi, le point fort de la performance du MOON 250i n'est pas sa puissance ou sa capacité dynamique, mais le rendu somptueux des instruments qui provient de sa gamme médium bien articulée. Le morceau Hercules d'Elton John, extrait de Honky Chateau, s'ouvre sur un rythme de guitare acoustique, suivi d'une batterie en micro rapproché, d'accords de piano et de la voix du chanteur lui-même. Chaque partie avait une signature sonore notable, et toutes sonnaient de manière incroyablement naturelle, tandis que l'ampli s'enfonçait dans un rythme bluesy entraînant.

MOON 250i

Une autre version de Thunderstruck, cette fois-ci de 2Cellos, donnait un caractère musclé aux notes des cordes basses, m'encourageant à visualiser le travail frénétique de l'archet. Pendant ce temps, la restitution par l'ampli de la valse du Lac des Cygnes de Tchaïkovski, telle que jouée par l'Orchestre Symphonique de Chicago sous la direction de George Solti présentait un son à tomber par terre, alors que les cordes massives jouaient cette mélodie ondulante iconique - celle-ci était suspendue au centre de la scène et fabuleusement fluide.

Étapes spectaculaires

Strasbourg/St Denis, extrait de l'album Earfood de Roy Hargrove Quintet était encore plus doux, avec la trompette et le sax alto s'élevant au-dessus de l'accompagnement jazzy. Et une fois de plus, le MOON 250i a mis juste assez de lumière sur les instruments principaux sans disséquer l’ensemble en parties disparates.

Le contrôle du volume de MOON by Simaudio avance par paliers, ce qui signifie qu'il suffisait de quelques pressions sur la télécommande pour transformer le titre éponyme de l'album Riding With The King d'Eric Clapton et B.B. King d'un blues groovy en un monstre qui remplit la pièce. 

Le 250i a cloué sur place le jeu swinguant du batteur Steve Gadd et du bassiste Nathan East, offrant une basse profonde et fluide - cette fois en utilisant des enceintes B&W 705 S2 - qui dépasse ce que vous pourriez imaginer qu'un amplificateur aussi compact puisse offrir. Bien sûr, sur ce morceau, les guitaristes légendaires sont rejoints par deux autres six-cordes (pourquoi ?), plus des choristes, un piano et un clavier, et le 250i a eu un peu plus de mal à démêler cette production dense - mais on ne peut nier l'énergie de la performance dans son ensemble.

J'ai aussi été émerveillé par la capacité de cet amplificateur à adoucir les productions les plus brutes - par exemple, les guitares "buzzsaw" de l'album Left Hand Path d'Entombed n'ont jamais sonné aussi chaleureuses. Mais la meilleure indication que je puisse donner de la qualité d'écoute du MOON 250i est qu'il m'a poussé à trouver d'autres morceaux à écouter, au point de me plonger dans l’œuvre d'artistes que je n'avais jamais entendus auparavant.

Je ne savais pas trop à quoi m'attendre quand Amaia Montero m’est apparue via mon algorithme Tidal... Il s'avère que c'est une chanteuse espagnole résolument pop, et le titre Ni Puedo Ni Quiero de son album éponyme est composé de trois minutes de guitare grattée, de notes de trombone, de voix douces poussées très loin vers l'avant, et de beaucoup de flair latin. L'amplificateur de Simaudio était tout à fait partant pour cela. Et moi aussi.