Banc d'essai Bartok APEX / hi-fi news / 18 mai 2023

hi-fi news

Lien vers le banc d'essai original

Verdict

Oui, le saut de prix entre le Bartók original et cette nouvelle version APEX est assez important, mais les gains de performance sont largement compensés par cette augmentation. Bien qu'il s'agisse de l'offre d'entrée de gamme de DCS, on ne sent aucune restriction dans un son aussi révélateur qu'il est captivant, avec une excellente échelle et résolution. En tenant compte de la flexibilité, de sa solidité de construction et de la clarté de son application de contrôle, c'est une unité vraiment supérieure.

hi-fi news - Outstanding product

C'est peut-être un signe des temps, ou de l'état du marché l'audio, mais la dernière version du Bartók de dCS, alors considéré comme le modèle d'entrée de gamme de l'entreprise, est désormais presque deux fois le prix de l'original [HFN mai 2019]. À l'époque, le Bartók coûtait 12 000 €, ou 14 000 € lorsqu'il était équipé de l'amplificateur casque optionnel. Aujourd'hui, le Bartók APEX, qui intègre les dernières améliorations de l'entreprise, introduites en premier lieu dans le Vivaldi [HFN Juin 2022], coûte 21 800 €, ou 24 500€ si vous le choisissez avec l’option casque. Compte tenu de ce prix et des performances de l'APEX, telles qu’elles ont déjà vues sur le Vivaldi APEX, les attentes sont nécessairement élevées pour ce nouveau Bartók, afin de voir ce qu’il peut apporter au monde de l’audio digital. Ce n'est pas non plus la première fois que ce que ce modèle est mis à niveau depuis son lancement. L'année dernière, une mise à jour logiciel - Bartók 2.0 - comprenait un nouvel algorithme de mappage contrôlant le dCS Ring DAC, des améliorations du suréchantillonnage DSD et de nouvelles options de filtre numérique.

L'histoire vue de l'intérieur

Le Bartók bénéficie désormais de l'ensemble APEX, qui n'est pas une nouvelle technologie de conversion numérique-analogique - quoi qu'on ce que vous avez pu lire ailleurs - mais plutôt une amélioration de l'horloge, du Ring DAC et de l'étage de sortie analogique.
Pour entrer un peu plus dans les détails, bien que la base de la conversion reste la même, le seul élément du DAC qui estresté inchangé est le fameux réseau de résistances au cœur du convertisseur. Le circuit imprimé principal du DAC a été redessiné et re-calibré, tout comme l'alimentation de référence qui l'alimente, et des améliorations ont été apportées au filtre, aux étages de sommation et de sortie du DAC. La symétrie de l'étage de sommation a été améliorée, les transistors individuels sur la carte DAC ont été remplacés par une paire composée, et l'étage de sortie analogique est, en fait, tout nouveau.
Il est donc évident que, bien que le Bartók ait toujours le même look, il ne s'agit pas d'une simple mise jour habituelle. Et la bonne nouvelle pour les possesseurs de Bartók, c'est que cette mise à jour Apex leur soit disponible, au prix de 9 900 €. D'ailleurs, l'option Apex pour la version casque est aussi différente, car elle nécessite une configuration différente de la façade. Le Bartók original que nous avions testé intégrait l’amplificateur casque, pour cette version Apex nous ferons sans.
A part ça, le Bartók Apex est doté d'une connectique complète, y compris de AES/ EBU XLR, qui peuvent être utilisés séparément ou jumelés pour accepter des données PCM jusqu'à 384 kHz, des données DSD cryptées par dCS et des données DSD en DoP jusqu'à DSD128. Il y a ensuite les entrées S/PDIF RCA, BNC et optiques, ainsi qu'un choix de deux entrées USB - l'une USB-B à isolation galvanique pour la connexion à l'ordinateur, l'autre USB-A pour accepter la musique de stockage jusqu'à 32 Go. Le Bartók dispose également d'entrées horloge afin de l’asservir à une horloge externe.

Transformateur blindé [boîtier bleu] et alimentation électrique mise à jour [en bas à gauche] alimentent le nouveau DAC APEX de génération APEX Ring,
comprenant deux processeurs Xilinx et une matrice de 2x48 éléments [en bas à droite], ainsi qu'une sortie audio symétrique [en haut à droite]

Produit complet

Pour de nombreux utilisateurs - et j'en fais partie - l'aspect le plus attrayant du Bartók sera sa capacité à fonctionner comme un lecteur numérique complet connecté à un réseau via son port Ethernet RJ45 isolé galvaniquement. La musique peut y être diffusée en continu à partir d'un stockage sur le réseau domestique, jusqu'en 384kHz PCM et DSD128, ou à partir de sources musicales en ligne, notamment Qobuz, Spotify et Tidal, avec un décodage MQA complet pour cette dernière.
La radio Internet est également disponible, et vous pouvez même diffuser de la musique à partir de votre téléphone via Apple AirPlay, bien que cette dernière fonction soit loin d'être transcendante. Enfin, l'appareil est également compatible avec Roon.
Le contrôle de toutes ces capacités réseau est assuré par l'excellente application dCS Mosaic, pour Android ou iOS, disponible gratuitement dans les magasins d'applications en ligne habituels. Cette application fonctionne en conjonction avec le logiciel Mosaic qui s'exécute sur le matériel et permet de configurer et de contrôler le Bartók. A l'usage, il s'avère préférable aux boutons sur la face avant de l'appareil, et aux menus souvent auxquels ils donnent accès.
Des sorties analogiques symétriques et asymétriques sont fournies, avec la possibilité d'utiliser le DAC en tant que préamplificateur avec une sortie fixe maximale de 2V ou 6V en réglant le volume sur "0.0dB". Une autre solution consiste à brancher directement le Bartok Apex sur un amplificateur de puissance, en utilisant le contrôle de volume de très haute qualité.
 

Le Roi de la cohérence

Dans la catégorie "heures d'amusement inoffensif", se trouve toute une série d'autres ajustements fournis par le Bartók Apex, dont trois réglages pour le "mapper", qui contrôlent comment les données sont transmises au Ring DAC, ainsi que des filtres pour le PCM et le DSD [voir l'encadré de Paul Miller à ce sujet]. Après avoir joué avec eux pendant un bon moment, je me suis retrouvé à revenir aux réglages par défaut avec le filtre 1.
Utilisé à la fois comme DAC/préamplificateur et comme DAC dans un système plus conventionnel, sur une variété d’entrées numériques ainsi qu’en réseau ou via Roon, il est impressionnant de voir à quel point le Bartok Apex sonne de manière cohérente. Cela dit, l'une des limitations de ses concerne les fichiers DSD. Oui, le Bartók gère désormais le DSD128 avec facilité, mais le monde a quelque peu évolué et beaucoup de fichiers que je télécharge ces jours-ci sont sont en DSD256 - non pas parce que je joue au jeu des chiffres, mais parce que c'est ainsi qu'ils ont été créés. Oui, il est possible de les lire en utilisant Roon pour les réduire en DSD64 ou DSD128 - le logiciel reconnaîtra qu'il s'agit de la limite supérieure des capacités du DAC - mais de nombreux DAC traiteront ces fichiers dans leur leur forme native.
La critique est terminée, et cette limitation de côté, le Bartók est une œuvre remarquablement aboutie. Ses capacités de de streaming fonctionnent simplement et proprement, sans aucun problème que ce soit avec l'application Mosaic ou avec un logiciel sur une tablette/téléphone. De plus, le son est à la fois lourd et substantiel, avec une excellente définition des basses, tout en étant à la fois fluide et superbement détaillé.
Jouez un album comme Your Mother Should Know de Brad Mehldau, composé de reprises des Beatles - et curieusement, une composition de Bowie [Nonesuch 075597907407] - et le et le son se résume à une gamme de pianos réaliste donnant l'illusion que l'instrument est dans la pièce devant l'auditeur. ‘I Saw Her Standing' était limpide, beaucoup d'âme sur 'Here, There And Everywhere", et tout simplement magique sur le dernier morceau de l'album, "Life On Mars ? » En effet quoi que vous jouiez avec le nouveau Bartók, et quelle que soit la manière dont vous choisissez de le jouer, il vous immerge dans le spectacle et la musique.
Avec l'album live de Father John Misty Off-Key In Hamburg, le DAC de dCS a fait passer le morceau "Hollywood Forever Cemetery Sings' avec rythme et une belle présence – comme ce fut le cas avec le mixage dense de l'ensemble de l'album. Il est inclus en effet toute la palette harmonique de l’orchestre de la Neue Philharmonie Frankfurt - et une excellente clarté dans l'émission de la voix de la chanteuse.

Rockin’ and Rollin’

Il en va de même pour l’album récent, presque improvisé, de Yo La Tengo, This Stupid World [Matador OLE 1929CD], enregistré en live par les rockers américains et produit pour un maximum d'immédiateté; ici, le son pur du dCS Bartók a conduit le groove du morceau d'ouverture, "Sinatra Drive Breakdown", soutenu par la basse grondante de James McNew et la batterie serrée de Georgia de Georgia Hubley.
Même avec le morceau des Stones "It's All Over Now", extrait de 12X5 [ABKCO/London Records 844 461-2], le Bartók Apex a mis à nu la nature simple de l'enregistrement, révélant la performance de chacun des cinq musiciens avec une séduisante rugosité, du début jusqu’à trop courte reprise de "Susie Q" à la fin de l'enregistrement.
La façon dont ce DAC revitalisé explore en profondeur une performance et un mix sert bien la 'The Arctic Suite' atmosphérique et dramatique de Jacob Shea, pièce maîtresse du violoniste Eldbjørg Hemsing et de l'Arctic Philharmonic [Sony Classical G010004635026E ; téléchargement 96 kHz/24 bits]. La simplicité chatoyante de l'instrument solo a été merveilleusement rendue, tout comme le poids et la puissance de l'ensemble complet lorsque nécessaire. Cet équilibre persuasif se maintient également dans l'intimité des 'Variations et Fugue sur un thème de Haendel' de Brahms, tirées du récital The Handel Project de Seong-Jin Cho [Deutsche Grammophon 486 3018], où la vue concentrée sur le Steinway du pianiste avait à la fois délicatesse et rapidité, ainsi qu'une excellente solidité dans les octaves inférieures.

Un Terrain Fertile

Si j'affirme que le son de ce DAC est précis, il n’est en aucune façon mécanique ou stérile... Loin de là, comme l'illustre la lecture pleine de vie et d’âme de Jessie Buckley sur "Maybe This Time", extrait de l'album Cabaret de la distribution londonienne de 2021 Kander & Ebb [Decca 4873046]. C’est très loin de la version du film de Liza Minelli, mais il n'en est que meilleur, tandis qu'Eddie Redmayne est merveilleusement volage et sordide, et tout aussi bien servi par un enregistrement que le Bartók APEX remet parfaitement à sa place dans ce petit club où a été enregistré le morceau.
En outre, le son était tout aussi convaincant avec quelques fictions radiophoniques très atmosphériques - oui, en AAC 320kbps ! - et il est clair que ce dernier né de dCS n'est pas non seulement un remarquable DAC, mais entre aussi dans le groupe très fermé des lecteurs réseau de premier ordre.

Annexe 1 - L'heure des changements

En matière de filtres numériques, les marques hi-fi se divisent généralement en deux catégories : celles qui « interprètent » leurs produits avec un seul type de filtre (une variante du filtre linéaire ou minimum, apodisant, hybride, etc., soit maison, soit intégré dans un DAC standard) et celles qui ouvrent le champ à une abondance de coefficients. Selon votre point de vue, les filtres multiples sont soit du pain béni pour les amateurs de hi-fi qui aiment bidouiller, soit un signe d'ambivalence de la part de la marque, ou encore une tentative astucieuse de me mettre en rogne en augmentant de manière exponentielle ma charge de travail en laboratoire... À son crédit, dCS est, je crois, unique dans la curation de filtres numériques dont les coefficients (et donc la bande de transition, la bande d'arrêt, la réponse et les caractéristiques de résonance) sont adaptés à chaque fréquence d'échantillonnage. Ainsi, bien que les filtres 1 à 4 et 6 soient tous des types à phase linéaire, leurs performances avec les médias 44.1/48 kHz changent avec les fichiers 96 kHz ou 192 kHz.

dCS Bartok APEX - Filters

Les permutations sont considérables, si vous avez le temps, la patience et l'acuité auditive nécessaires pour les explorer toutes ! Par exemple, le filtre 1 [tracé noir, graphique d'insertion], le filtre 2 [rouge], les filtres 3 [cyan] et 4 [orange] conservent une réponse plate comme une règle (–0,02 dB/20 kHz) avec des médias 44,1/48 kHz, mais ils sacrifient progressivement une meilleure suppression de la bande d'arrêt (108 dB pour le filtre 1 à seulement 16,6 dB pour le filtre 4) pour réduire l'oscillation avant et après. Avec des fichiers 192 kHz, ces quatre filtres présentent des réponses HF très différentes : une coupe abrupte à –13 dB/90 kHz, le filtre 1 ; un roulement plus doux à –7 dB/90 kHz, le filtre 2 ; un roulement précoce après 20 kHz à –6 dB/56 kHz, le filtre 3 ; et un roulement plus doux après 30 kHz à –18 dB/90 kHz, le filtre 4. Le filtre 5 [tracé vert] est un type minimum de phase avec des fréquences d'échantillonnage faibles, mais un type NOS/Gaussien au-dessus de 176,4 kHz [d'où le roulement précoce de –6 dB/39 kHz avec des médias 192 kHz sur le graphique d'insertion]. Le filtre 6 [violet] est un autre filtre à phase linéaire, mais avec une longueur de tap très longue, offrant un roulement étendu pour une suppression exceptionnelle de la bande d'arrêt.

Annexe 2 - Rapport du laboratoire

Fourni ici sans son amplificateur pour casque [HFN mai '19], mais bénéficiant des fruits de la mise à niveau APEX de dCS sur l'ensemble du convertisseur Ring DAC que nous avons vu lancé dans le modèle phare Vivaldi [HFN juin '22], le Bartók a désormais une finalité améliorée en tant que source numérique d'entrée de gamme de la marque. Bien que les différentes options de suréchantillonnage/formatage et de filtre numérique restent inchangées, les avantages de performance offerts par cette version APEX du Bartók sont facilement 'mesurables'. Alors que la sortie pic/0dBFs reste à 5,89 V (symétrique), l'impédance de sortie est légèrement plus basse (passant de 0,7 ohm à 0,5 ohm) et le rapport signal/bruit pondéré en A est plus large (passant de 116,6 dB à 117,5 dB). De même, bien que la distorsion à la sortie pic reste extrêmement basse, à seulement 0,00005-0,00025 % (20 Hz-20 kHz), la mise à niveau APEX voit cette valeur réduite encore davantage sur les 30 premiers décibels de la plage dynamique du Bartók [voir le Graphique 1 ci-dessous], passant de 0,0001-0,0004 % (Bartók) à 0,00003-0,0001 % (Bartók APEX) à –10dBFs (20 Hz-20 kHz), et de 0,0002-0,0006 % à 0,0001-0,0002 % (–30dBFs, 20 Hz-20 kHz), respectivement. De plus, la gigue diminue également, passant de 10 picosecondes à environ 7 picosecondes dans cette variante APEX. Certes, ce sont des chiffres très faibles, mais ils illustrent clairement un changement positif et incrémentiel à la pointe de la technologie.

L'impact du suréchantillonnage LPCM-vers-DXD et DSD est montré dans le Graphique 2, où l'augmentation du bruit de requantification ultrasonique, ainsi que les distorsions harmoniques corrélées de 2e/3e ordre (avec un signal de 20 kHz/0dBFs), vers DSD128 [vert] et DSD64 [noir] par rapport à DXD [rouge] est très claire. Cinq filtres DSD sont proposés, le Filtre 1 offrant une coupure raide de –6 dB/83 kHz après le suréchantillonnage à partir de 192 kHz LPCM, avec les Filtres 2 à 5 atteignant respectivement 76 kHz, 70 kHz, 33 kHz et 39 kHz (tous à –6 dB par rapport à 1 kHz).

dCS Bartok APEX - Lab Report 1

Distorsion vs. niveau de signal numérique 24 bits sur une plage de 120 dB à 1 kHz (noir) et 20 kHz (bleu).

dCS Bartok APEX - Lab Report 2

20 kHz/0dBFs à 192 kHz/24 bits suréchantillonné en DSD (noir), DSDx2 (vert) et DXD (rouge).