Banc d'essai R610 & Sabre-R / HiFi Choice / 1 mai 2025

HiFi Choice

Lien vers le banc d'essai original

Verdict

La hi-fi tout-en-un continue de gagner du terrain. L'option lifestyle, autrefois limitée, s'est développée au point que la qualité du son n'est plus un problème majeur. Ruark a été l'un des principaux artisans de cette évolution et le combo R610 et Sabre-R est un triomphe de style rétro évocateur, de fonctionnalitées modernes et de portée sonore remarquable.

D'aucuns diront que Ruark a passé un peu trop de temps à fabriquer des radios. David Vivian estime que l'amplificateur connecté R610 et les enceintes Sabre-R représentent un retour à sa gloire d'antan.

Pour faire court, Ruark, entreprise familiale basée dans l'Essex et fondée en 1985 par le duo père/fils Brian et Alan O'Rourke, a commencé par fabriquer certaines des enceintes britanniques les plus belles et les plus performantes jamais installées dans le salon d'un mélomane. Avec des coffres délicatement fabriqués en bois véritable, des noms de modèles évocateurs comme Sabre, Crusader et Excalibur, et un son chaud et modulable, peu de rivaux pouvaient concurrencer les créations de la marque en termes d'esthétique et de sonorité sublimes. Ebéniste de formation, O'Rourke senior savait comment évaluer l'importance des matériaux et de la construction en matière de qualité sonore, et c'est depuis lors la pierre angulaire du « mode opératoire » de la marque.

Cependant, à l'approche du millénaire et de la retraite de Brian, le champ d'action de Ruark a commencé à s'éloigner de la stéréo pour s'orienter vers le son ambiant : de jolies radios DAB et une gamme de systèmes tout-en-un de différentes tailles qui partageaient une esthétique digne des meubles haut de gamme.

Ce qui nous intéresse aujourd'hui, cependant, s'apparente davantage à une boucle bouclée 40 ans plus tard, et à une union entre le nouveau et l'ancien, dans le meilleur sens du terme. Dans le but de réinventer les postes de musique tout-en-un des années soixante-dix et quatre-vingt, Ruark a récemment présenté le dernier membre de sa gamme à la vibe très seventies, la série 100, une ligne qu'elle affirme être la plus avancée et la plus désirable de son catalogue à ce jour.

La console musicale R610, d'une valeur de 1400€, dispose de toutes les facultés de streaming et de toutes les connexions numériques et analogiques que l'on peut souhaiter. Mais au lieu de tout intégrer dans une paire d'enceintes actives amplifiées (à la LSX de KEF) ou même dans un boîtier unique avec des effets d'expansion sonore DSP (Naim Muso QB), la configuration est résolument rétro et cosy : un bel appareil compact revêtu de bois, dans lequel vous pouvez brancher le minuscule transport de CD R-CD100 de Ruark via USB-C, ou une platine via l'étage phono MM intégré à gain réglable, mais surtout - étant données les origines de Ruark - une paire d'enceintes. Ce pourrait être n'importe quelles enceintes, bien sûr, mais je ne peux pas imaginer que beaucoup puissent choisir de ne pas profiter de la superbe ré-imagination de la toute première enceinte de Ruark, la bibliothèque deux voies Sabre, maintenant appelée Sabre-R (800€), une partenaire esthétique parfaite.

L'unité principale gère Apple AirPlay et Google Cast, Apple Music, BBC Sounds, Deezer, Qobuz, et ainsi de suite. Spotify Connect et Tidal Connect sont intégrés. La prise en charge des fichiers s'étend jusqu'à 32 bits/384 kHz et, pour les connexions rapides, le Bluetooth HD est disponible. Les options radio sont un point fort évident, couvrant l'Internet/le DAB/le DAB+ et même la FM avec RDS. À l'arrière, on trouve un port Ethernet et une sortie caisson de basse, ainsi qu'une entrée optique. La connectivité englobe également l'HDMI ARC/eARC si vous souhaitez connecter votre téléviseur. Et vous pouvez ajouter la configuration multi-room à tout cela.

Le R610 utilise une alimentation à découpage et une amplification de classe D délivrant 75W par canal. Les DAC Burr-Brown s'occupent des affaires numériques, et des composants de qualité audiophile sont utilisés dans l'ensemble de l'appareil. L'ergonomie est exceptionnelle, comme on peut s'y attendre, surtout grâce au remarquable contrôleur RotoDial, qui fait partie du répertoire de Ruark depuis 2006. Affiné pour le R610 avec des boutons plus doux au toucher et une molette de contrôle plus précise, il est totalement intuitif et très agréable à utiliser. En fait, il y a deux RotoDial, l'un placé sur le dessus de la console, et l'autre sur une télécommande Bluetooth rechargeable, qui donne à la plupart de ses homologues à boutons une allure antédiluvienne.

L'écran TFT de 12,7cm, à gauche du panneau avant, affiche les différents menus, ainsi que les visuels des albums et des stations de radio (il génère ses propres visuels pour les CD), et revient à l'heure et à la date lorsqu'il est en veille. Deux finitions sont disponibles : un placage en noyer « Fused Walnut » ou une laque anthracite « Satin Charcoal », toute deux avec les mêmes détails en noyer.

Il en va de même pour les enceintes Sabre-R. Comme les originales, il s'agit de modèles bass-reflex à deux voies, mais 40 ans d'évolution ont naturellement modifié les composants internes, et pas qu'un peu. Le coffre en bois composite amorti et renforcé est doté d'un double évent évasé réglé sur 55Hz, tandis que les haut-parleurs se composent d'un tweeter à dôme en soie de 26mm avec un système de moteur au néodyme et un dissipateur thermique en aluminium, et d'un haut-parleur de médium/grave de 150mm à cône en fibre naturelle traitée avec une bobine mobile de 30mm à quatre couches, un moteur à long débattement et un châssis moulé avec précision. La fréquence de coupure est de 2,2 kHz, la réponse globale de 50 Hz à 20 kHz (+/-3 dB). L'impédance nominale de 6 ohms et la sensibilité de 86 dB ne devraient pas poser de problèmes à un amplificateur digne de ce nom, et certainement pas à celui du R610. Sur le panneau arrière se trouvent deux jeux de borniers plaqués or de 4mm. Reflétant le style et la finition du R610 jusqu'aux détails en noyer, l'ensemble est plutôt charmant.

Le son

À quoi vous attendiez-vous ? De l'éclat et de la fougue ? Une explosion de basses ? Un patchwork de sons divergents à travers les nombreuses entrées ? Pas du tout. Depuis des années, il est évident que Ruark maîtrise son son et que les aigus rutilants, les rythmes survoltés, les détails pimpés et les basses fréquences saturées n'y jouent aucun rôle. L'équilibre est doux et régulier, assez riche et chaleureux. Il n'y a pas de quoi affoler les foules, mais on se rend assez vite compte que cette présentation légèrement romantique est bien mieux adaptée à un son naturel, limpide et musical, tout simplement.

En bref, une sonorité particulière et la forte harmonie et cohérence entre l'électronique et les enceintes reflètent clairement une volonté de tirer le meilleur parti de tout ce qui est joué, quelle qu'en soit la source. Qu'il s'agisse de la radio FM ou d'un disque de Joni Mitchell (The Hissing Of Summer Lawns) qui alimente l'étage phono intégré via une platine Technics SL-1200 Mk 7 et une cellule Jico Clipper MM, le duo R610 et Sabre-R privilégie l'écoute à une analyse froide, exactement comme devrait le faire un « centre musical » moderne, très probablement placé sur un meuble design.

Il ne faut pas confondre cela avec une homogénéisation superficielle qui conviendrait mieux à une musique d'ambiance. En fait, le talent du Ruark pour la discrimination tonale et temporelle est la clé de son attrait. Qu'il s'agisse de Joni ou de Lemmy, les voix font preuve d'une intelligibilité et d'une présence remarquables. 

Les hautes fréquences sont subtilement rendues, avec finesse et une bonne couleur tonale. L'exquise Edith And The Kingpin de Mitchell est presque douloureusement expressive et nuancée. En lançant le flux 24-bit/192kHz de Qobuz de Time Out Of Mind de Steely Dan, la console et les enceintes Ruark passent à la vitesse supérieure, rassemblant juste ce qu'il faut de poids et d'extension dans les basses fréquences pour ancrer la cadence rythmique, tout en la distribuant avec une agilité et une articulation raffinées.